Tristan Hamonniere lauréat du Prix de thèse 2019 de l’Ecole Doctorale.
Tristan Hamonniere est Lauréat du Prix de thèse 2019 décerné en 2020 par l’Ecole Doctorale (261-3CH), pour sa thèse intitulée « Pensées répétitives négatives et croyances métacognitives dans l’usage de substances psychoactives. Contribution à l’étude de processus transdiagnostiques », soutenue en novembre 2019 et réalisée sous la direction d’Isabelle Varescon.
La date, le lieu et les modalités de la remise des prix seront communiqués prochainement.
Félicitations !
Len vers la page de Tristan Hamonniere
Résumé de la thèse :
Contexte : Les pensées répétitives négatives, dont les formes les plus étudiées sont les ruminations dépressives et les inquiétudes anxieuses, sont aujourd’hui considérées comme un unique processus, responsable de l’apparition et du maintien de nombreux états psychopathologiques. Elles ont pour caractéristiques principales d’être répétitives, intrusives, difficile à contrôler et accaparant les capacités mentales. Elles seraient également sous-tendues par la présence de croyances dites « métacognitives » à propos de leur utilité, mais aussi de leurs conséquences négatives. Depuis une dizaine d’années, des études tendent à montrer qu’elles pourraient être impliquées dans le développement et le maintien des conduites addictives. Cependant, cette littérature reste hétérogène, essentiellement centrée sur les concepts spécifiques de ruminations dépressives ou d’inquiétudes anxieuses et pour sa majorité sur le trouble de l’usage d’alcool. De plus, à ce jour, peu de connaissances existent sur les facteurs pouvant influencer cette relation alors que différents arguments théoriques et empiriques laissent supposer que des variables comme le genre ou les croyances métacognitives puissent déterminer en partie leur rôle dans l’apparition de symptômes.
Objectifs : Ce travail de thèse vise donc à évaluer et étudier l’influence des pensées répétitives négatives dans le mésusage d’alcool et de cannabis, à partir d’une mesure transdiagnostique, tout en considérant l’effet modérateur du genre, des croyances métacognitives et de l’évitement cognitif.
Méthode : Deux études ont été menées afin de répondre à ces objectifs. Une première étude sur une population clinique de 81 patients consultants pour un trouble de l’usage d’alcool et une seconde étude sur 257 consommateurs de cannabis recrutés en population tout-venant via internet. Ces deux études transversales ont évalué les pensées répétitives, les croyances métacognitives et l’évitement cognitif à partir d’auto-questionnaires validés.
Résultats : Les résultats révèlent que des difficultés attentionnelles provoquées par les pensées répétitives semblent être le mécanisme principal par lequel ce processus participe du déclenchement de consommations d’alcool ou de cannabis et que la façon dont une personne perçoit et régule ses pensées conditionne cet effet. En revanche, le profil métacognitif (croyances et stratégies métacognitives) des usagers concernés ne semble pas être le même entre les consommateurs de cannabis et d’alcool. D’autre part, les résultats montrent que les croyances à propos du besoin de contrôler les pensées, impliquées dans la plupart des conduites addictives, prédisent aussi le mésusage de cannabis.
Conclusion : Ces résultats apportent de nouvelles preuves quant au caractère transdiagnostique des pensées répétitives et des croyances métacognitives. Ils apportent aussi des éléments théoriques en faveur de l’approche processuelle transdiagnostique. Enfin, ils soulignent la nécessité de prêter attention à ces processus lors des suivis en addictologie et laissent à nouveau supposer que des interventions centrées sur la rumination (et sur les croyances associées) pourraient présenter un intérêt dans la prise en charge d’un trouble de l’usage d’alcool ou de cannabis. Des études complémentaires sont maintenant nécessaires pour évaluer ce type d’intervention chez des consommateurs de substances.