Léna Milan-Marghieri soutiendra sa thèse de doctorat en Psychologie jeudi 15 décembre à 14h .
Sa thèse, dirigée par la Pre Isabelle Varescon est intitulée
Stigmatisation intériorisée, processus et implications : étude auprès de consommateurs et consommatrices d’alcool
La composition du jury est la suivante :
- Pr. Lucia ROMO de l’Université Paris Nanterre La Défense
- Pr. Delphine GRYNBERG de l’Université De Lille
- Pr. Pierluigi GRAZIANI de l’Université De Nîmes
- Pr. Pierre MAURAGE de l’Université Catholique De Louvain La Neuve.

Condition de participation à la soutenance :
La soutenance de thèse aura lien en Salle du Conseil
Institut de Psychologie – Université Paris Cité
Site Boulogne-Centre Henri Piéron
71, avenue Edouard Vaillant
92774 Boulogne-Billancourt
Vous pouvez indiquer votre présence en envoyant un mail à l’adresse suivante : lena.milan.marghieri@gmail.com
Vous trouverez ci-dessous le résumé de la thèse :
Contexte
L’usage d’alcool est très répandu en France, souvent banalisé et normalisé. Le trouble de l’usage d’alcool est, quant à lui, bien plus stigmatisé. Or, les stigmates existant à l’encontre des usagers sont parfois ancrés, intériorisés par ces derniers et finissent par prendre une part importante de leur identité. D’après une conceptualisation processuelle de ce phénomène, les personnes seraient d’abord conscientes des stigmates, puis en accord avec ceux-ci. Par la suite, elles s’appliqueraient les stéréotypes à elles-mêmes, dont découlent nombreuses conséquences délétères. Ce modèle de compréhension est majoritairement centré sur l’intégration cognitive et les conséquences comportementales (e.g., consommations successives, isolement, difficultés d’accès aux soins) mais l’aspect émotionnel n’y est pas étudié. Par ailleurs, on sait que, la honte et la culpabilité, deux émotions réflexives, semblent intervenir dans l’usage d’alcool de manière opposée. La littérature a mis en avant un rôle protecteur de la culpabilité, mais un rôle délétère de la honte dans la consommation d’alcool. Il parait alors essentiel d’étudier l’intrication de telles émotions dans les processus d’intériorisation des stigmates chez les usagers d’alcool. Aussi, l’objectif général du présent travail de thèse est d’évaluer l’implication de la honte et de la culpabilité dans le processus d’intériorisation des stigmates liés à l’usage d’alcool.
Méthode
Pour répondre à cet objectif, une étude quantitative, validée par le comité d’éthique de la recherche de l’Université Paris Cité, a été mise en place. Composé de 8 auto-questionnaires, ce protocole a été complété par 114 participants recrutés à partir de critères d’inclusion définis, dans un service d’addictologie. Les outils d’évaluation concernaient la consommation d’alcool, la consommation d’autres substances psychoactives, la honte et la culpabilité, la stigmatisation intériorisée, la stigmatisation perçue, la symptomatologie dépressive et anxieuse, l’estime de soi ainsi que des questions d’informations relatives à la santé et à la consommation et des informations sociodémographiques. Différentes analyses statistiques ont été effectuées afin d’évaluer les qualités psychométriques de deux échelles traduites pour les besoins du présent travail, d’étudier et de valider le modèle progressif d’intériorisation des stigmates et d’évaluer les relations entre la honte, la culpabilité, la stigmatisation intériorisée et la consommation d’alcool.
Résultats
Les résultats obtenus ont permis de montrer une intériorisation progressive et linéaire des stigmates par les personnes présentant un trouble de l’usage d’alcool, conformément aux études princeps. Par ailleurs, l’évaluation du rôle de la honte et de la culpabilité confirme l’implication négative de la honte tant dans la consommation d’alcool que dans l’intériorisation des stigmates. Une analyse approfondie en profil latent a, quant à elle, permis une exploration plus en détail de l’implication et l’intrication de ces deux émotions réflexives. Par ailleurs, l’étude des qualités psychométriques de deux échelles traduites pour les besoins de cette étude questionne les limites de ces outils et nous amène à discuter les orientations possibles dans de futures travaux.
Conclusion
Les résultats obtenus permettent d’initier la validation d’outils psychométriques évaluant spécifiquement la stigmatisation intériorisée et les émotions réflexives de honte et de culpabilité dans l’usage d’alcool. Par ailleurs, ceux-ci montrent la présence de la honte dans l’intériorisation des stigmates, envisageant ainsi un levier thérapeutique important pour agir tant sur le plan cognitif, comportemental, mais également émotionnel. Ces travaux doivent être envisagés avec la nécessité d’approfondir les recherches dans un but d’amélioration de la compréhension, mais aussi et surtout, dans le but de développer des approches thérapeutiques fondées sur les preuves.
Mots clés : culpabilité; émotions réflexives; honte; trouble de l’usage d’alcool; stigmatisation intériorisée